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Quand je suis née, les vaches, cochons, poules et canards vivaient au grand air, dans des champs, des fermes et des basses-cours. J’ai vu de mes yeux le moment où l’homme a commencé à enfermer les poules dans des grands élevages, des grandes usines fermées où ces pauvres animaux sont devenus des machines servant à faire des oeufs et à donner de la viande aux humains. Toute ma vie, je me suis battue pour ces volatiles condamnés à ne jamais voir le jour, serrés les uns contre les autres, à ces poussins qui naissent sans avoir connu la chaleur de leur maman. Je lutte d’autant plus que je connais la beauté d’une poule en liberté, sa couleur, la lumière de ses yeux, la douceur de son instinct face à ses petits. Il y a longtemps, j’avais recueilli une petite poule chez moi. Chaque jour, elle montait le petit escalier qui conduisait à ma chambre pour y pondre un oeuf sur mon oreiller. Un hasard ? Non, une preuve d’amour.

Brigitte Bardot